L’influence de l’activité physique sur la médicamentation

- Diabète

Par Amélie Lévis-Gignac, kinésiologue

J’ai, sur mon bureau au travail, un petit pot de pilules. Je suis la seule à savoir qu’il contient en fait de petites menthes. Sur l’étiquette : prendre au moins trois fois par semaine. Nom du médicament : Activité physique. Ce petit pot suscite toujours beaucoup d’intérêt de la part des clients.

Comment l’activité physique pourrait-elle agir comme un médicament ? Il convient de s’interroger sur ses effets. Voici donc l’influence de cette fameuse activité physique sur trois grands maux de notre temps que l’on associe souvent aux habitudes de vie: le diabète de type II, l’hypertension artérielle et le cholestérol.

L’influence de l’activité physique sur la glycémie (dans le cas présent, chez les patients atteints de diabète de type II)

Dans le cas d’un diabète de type II, le pancréas du patient produit suffisamment d’insuline. C’est plutôt son utilisation par le corps qui fait défaut. Chez les patients atteints de ce type de diabète, que l’on appelle non-insulinodépendants, l’activité physique permet de réduire la résistance à l’insuline. En effet, la contraction musculaire améliorerait la perméabilité de la cellule, laissant ainsi la voie libre au glucose. Le patient, gérant ainsi mieux sa propre production d’insuline, verra souvent ses doses diminuer de l’ordre de 30 % pour l’insuline semi-lente et de 30 à 50 % pour l’insuline rapide. Attention ! Il s’agit ici des doses précédant l’activité physique.

En fait, Mikus et coll. avancent même que « l’exercice quotidien influence le contrôle de la glycémie avant même d’influer sur la condition physique ou la composition corporelle ».[1]

L’hypertension artérielle

Les mécanismes de régulation de la tension artérielle par l’activité physique sont moins connus. Cependant, de nombreuses études démontrent une diminution possible de la pression (systolique autant que diastolique) chez les sujets actifs. L’effet est constaté sur des sujets sains ou présentant une hypertension de grade 1. En revanche, l’activité physique semble avoir peu d’influence sur l’hypertension plus grave. Ainsi, un patient souffrant d’hypertension artérielle légère pourra probablement éliminer ou diminuer sa dose de médicaments en augmentant sa pratique d’AP. Le patient qui, quant à lui, est au grade 2 ou 3 verra peu ou pas du tout de différence.

Le cholestérol

Plusieurs protocoles de recherche [2][3] ont démontré que l’activité physique avait une influence positive sur le niveau du HDL (bon cholestérol), diminuant ainsi le risque de maladie cardio-vasculaire. Alors que les statines visent plutôt à diminuer le taux de LDL, l’activité physique n’aura pas nécessairement d’effet direct sur la dose nécessaire. En fait, nous tentons de viser une approche de changements des habitudes de vie avant d’aller vers le médicament pour les patients pour qui l’hypercholestérolémie n’est pas génétique. Ainsi, dans beaucoup des cas, l’activité physique (jumelée à une alimentation saine) est le premier médicament !

Tseng et coll. [3] se sont penchés sur l’efficacité des types d’activités physiques, soit le renforcement musculaire et le travail d’endurance ou cardio-vasculaire. Il a été constaté que, même si le travail en endurance seul est plus efficace que le renforcement musculaire seul, le protocole le plus efficace semble être un combiné des deux.

 En conclusion

Il semble donc que l’activité physique permet au corps de mieux utiliser les mécanismes qui sont déjà en place. Évidemment, cette amélioration se traduira occasionnellement par une diminution des doses des médicaments associés à ces pathologies. Il demeure cependant primordial de s’assurer que tout patient symptomatique soit pris en charge par un professionnel au moment de commencer un programme d’activité physique.


[1] C. R. Mikus & D. J. Oberlin & J. Libla & L. J. Boyle & J. P. Thyfault : Glycaemic control is improved by 7 days of aerobic exercise training in patients with type 2 diabetes. Citation originale : «daily exercise directly improves glycaemic control in patients with type 2 diabetes, prior to changes in fitness or adiposity and independently of changes in energy balance.» 

[2] Wilund KR ; Feeney LA ; Tomayko EJ ; Weiss EP ; Hagberg JM : Effects of endurance exercise training on markers of cholesterol absorption and synthesis. 

[3] Tseng ML ; Ho CC ; Chen SC ; Huang YC ; Lai CH ; Liaw YP : A simple method for increasing levels of high-density lipoprotein cholesterol: a pilot study of combination aerobic- and resistance-exercise training. 

[4] Hayashino Y ; Jackson JL ; Fukumori N ; Nakamura F ; Fukuhara S : Effects of supervised exercise on lipid profiles and blood pressure control in people with type 2 diabetes mellitus: a meta-analysis of randomized controlled trials.