« Maladie mentale? » Depuis toujours, les personnes souffrant d’un problème de santé mentale restent dans l’ombre, grugées par la honte qu’engendre un tel diagnostic. Pourtant, personne n’est à l’abri d’éprouver un jour ou l’autre un problème de santé mentale. À ce sujet, les recherches démontrent qu’un individu sur trois est susceptible de traverser une période d’instabilité émotionnelle au courant de sa vie. Pour cette raison, les préjugés défavorables à l’égard des maladies mentales doivent tomber. Cette année, la semaine de sensibilisation nationale, en cours du 6 au 12 octobre, a pour objectif de conscientiser la population à cette réalité et de démystifier les maladies mentales.
La Semaine de sensibilisation aux maladies mentales
En quoi consiste donc cette semaine nationale? En fait, il s’agit d’une campagne d’éducation publique annuelle coordonnée par l’Alliance canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale. De concert avec ses organisations membres et ses nombreux collaborateurs, l’Alliance encourage la mise sur pied d’activités de toutes sortes visant à briser le tabou entourant les maladies mentales au pays. À titre d’exemple, l’Institut universitaire en santé mentale Douglas propose plusieurs activités dans le cadre de la semaine, dont une projection spéciale de film ainsi qu’une marche organisée à Montréal pour la santé mentale. Selon une résidente en psychiatrie, de telles activités de sensibilisation sont cruciales pour faire tomber les préjugés associés aux maladies mentales. Ainsi, elle souligne également qu’une maladie mentale devrait être perçue de la même manière qu’une maladie physique. Voilà le défi auquel nous devons socialement faire face.
Qui est concerné par les maladies mentales?
Tout le monde, d’une manière ou d’une autre, les femmes comme les hommes. Les problèmes de santé mentale sont extrêmement présents dans notre société. Ainsi, de récentes statistiques démontrent que vingt à vingt-cinq pour cent des consultations médicales auprès des médecins de famille seraient reliés à des problèmes de santé mentale. Pour ce qui est des plus jeunes, notre résidente en psychiatrie pose un bémol important : « Bien que les jeunes souffrent aussi de problèmes de santé mentale, en pédopsychiatrie, nous sommes généralement très prudents à poser un diagnostic de maladie mentale. À l’adolescence, les manifestations d’un problème de santé mentale sont moins claires que chez l’adulte pour plusieurs raisons et il peut s’agir d’un épisode passager. » Ainsi, elle rappellera donc la nécessité d’éviter d’étiqueter les jeunes avant l’âge adulte.
Maladies mentales? De quoi parle-t-on exactement?
Évidemment, les maladies mentales sont variées. Toutefois, certains troubles mentaux sont plus généralisés. Par exemple, chez l’adulte, les troubles reliés à la dépression, à l’anxiété, ainsi que diverses problématiques en lien avec la toxicomanie et à la dépendance à l’alcool sont fréquemment observés. Chez les jeunes, comme mentionné précédemment, on parlera davantage de problématiques en santé mentale. Les plus communes sont donc reliées à un état dépressif, à des problèmes de comportement, à des troubles reliés à l’alimentation, etc. Il ne faut pas oublier que ce public cible est également très concerné par les problématiques reliées au suicide. De là toute l’importance de prendre cette population au sérieux.
Comment prévenir les maladies mentales?
Malheureusement, contrairement à certaines maladies physiques, il est plus difficile de prévenir un trouble de santé mentale. L’apparition d’un problème de santé mentale est en fait reliée à de multiples facteurs. Par exemple, la génétique, l’environnement, les relations avec la famille et son entourage sont des déterminants cruciaux, ceux-ci jouant un rôle important pour préserver une bonne santé mentale. Par contre, il est possible de faire de la prévention à certains niveaux, notamment en ce qui concerne la consommation d’alcool et de drogues. En santé mentale, nous parlons davantage de promotion de la santé, c’est-à-dire de prendre des mesures concrètes pour renforcer la santé mentale de chaque individu, mais aussi de toute une société.
Peut-on guérir d’une maladie mentale?
Il faut savoir que la plupart des maladies mentales sont de types chroniques. En ce sens, notre résidente en psychiatrie parle plutôt de soigner et de traiter, plutôt que de guérir. Ainsi, elle dira : « Une personne suivant un traitement médicamenteux ou psychologique peut arriver à ce que l’on appelle une rémission. Ainsi, on parle de rémission lorsque les symptômes sont minimes, ou encore absents. Dans un tel cas, on suggérera souvent de maintenir le traitement pour éviter une rechute. » Ainsi, si l’on est prudent à proclamer une guérison, il faut toutefois comprendre qu’il est possible de bien vivre avec une maladie mentale. Présentement, le plus gros défi reste de déconstruire socialement les préjugés quant aux maladies mentales. Ensemble, brisons le tabou.
Par Noémie Desbois Mackenzie
Bachelière en communication, et présentement à la maîtrise en communication de la santé
Sources