Bien que la kinésiologie permet d’intervenir dans les différentes sphères de l’entraînement, le milieu de la prévention secondaire requiert beaucoup de notre attention ces temps-ci. Malheureusement, l’humain apprend bien souvent après une première erreur. C’est justement là que nous entrons en jeu.
L’entraînement d’un patient présentant un facteur de risque présente toujours certains défis pour nous, kinésiologues. Il existe une certaine préparation nécessaire pour le professionnel qui entame l’entraînement d’un patient présentant une hypertension artérielle. La connaissance du dossier médical et pharmacologique du patient est, ici, primordiale, car le contenu de ce dossier peut avoir des répercussions autant sur l’entraînement lui-même que sur les réactions du patient à celui-ci.
Comment entraîne-t-on un hypertendu?
Sans avancer de généralité, le patient hypertendu est souvent déconditionné. Bien que l’augmentation anormale de la tension artérielle touche pratiquement n’importe qui, y compris des gens très en forme, le patient hypertendu rencontré par le kinésiologue est très souvent peu habitué à l’activité physique.
Présentement, l’entraînement intermittent, c’est-à-dire l’alternance entre périodes d’effort et périodes de récupération (active ou passive), est la méthode qui donne les meilleurs résultats quant à l’amélioration de la capacité cardiovasculaire. Mais l’avantage principal de ce protocole dans le cas du patient hypertendu et/ou déconditionné est une meilleure tolérance à l’effort.
Voici un exemple de séance d’entraînement intermittent pouvant être utilisée pour un patient présentant des facteurs de risque:
- Échauffement à intensité modérée de 5 à 8 minutes;
- Premier bloc de 6 minutes : 30 secondes à intensité élevée suivies de 30 secondes à intensité modérée pour récupérer (récupération active);
- Deuxième bloc de 6 minutes : 45 secondes à intensité élevée suivies de 45 secondes à intensité modérée pour récupérer (récupération active);
- Troisième bloc de 6 minutes : 15 secondes à intensité élevée suivies de 15 secondes d’arrêt complet (récupération passive).
Évidemment, la durée des blocs et des intervalles peut être modulée autrement.
Durant la séance, il est primordial de faire un suivi sur l’état du patient, autant en lui parlant qu’en observant ses signes non verbaux : couleur de la peau, transpiration, état de fatigue, etc. Il peut être bon de suivre la fréquence cardiaque. Cependant, comme mentionné plus haut, la connaissance de l’historique du patient devient ici très importante. En effet, la prise d’un béta-bloquant peut fausser des données de fréquence cardiaque. Voilà pourquoi il peut également être utile d’utiliser une échelle de perception de l’effort, comme l’échelle de Borg montrée dans l’image ici présente.
Les effets de l’entraînement
Comme mentionné dans mon précédent article, on observe une diminution de la tension artérielle (systolique et diastolique) à la suite de l’entraînement, principalement lorsque l’hypertension du patient est de grade 1. Suite à un programme d’entraînement de 8 semaines, ici autant en entraînement par intervalle qu’en entraînement continu, Sikiru Lamina[1] a observé une diminution de la pression systolique de l’ordre de 8.2 à 8.5 mm de Hg et de 3.7 à 5.1 mm de Hg pour la diastolique.
Évidemment, chaque patient réagit de manière différente à l’entrainement. Il est donc important de personnaliser chaque séance. Gardez à l’esprit qu’un facteur limitant souvent présent chez ces gens n’est pas inscrit dans le dossier : la crainte. Encadrez votre patient, rassurez-le, permettez-lui d’apprendre à connaître sa tolérance à l’effort et vous aurez des résultats motivants!
Amélie Lévis Gignac – Kinésiologue
[1] Effects of Continuous and Interval Training Programs in the Management of Hypertension: A Randomized
[1] Controlled Trial, Sikiru Lamina, BSC, MSC, PhD