L’annonce du cancer pour soi-même ou pour ses proches est un événement anxiogène, comportant son lot de tourments et questionnements. Devant cette réalité, la Société canadienne du cancer – division du Québec a mis sur pied l’équipe Cancer J’écoute, composée de conseillers, de bénévoles ainsi que de professionnels.
L’équipe propose divers services de soutien psychosocial pour les gens dans le besoin. Sa mission : soutenir, écouter et échanger pour briser l’isolement. Claude Cyr, conseiller à Cancer J’écoute au service de soutien psychosocial, nous en dit davantage sur l’importance d’évacuer sa détresse.
Évidemment, un tel soutien est primordial dans notre communauté. Une personne qui reçoit un diagnostic de cancer, ou encore qui accompagne un proche dans la maladie ressent quelques fois le besoin de communiquer avec une personne externe à son réseau. Lorsqu’une personne est jumelée avec un bénévole ayant vécu une expérience similaire à la sienne, elle peut s’y identifier et constater qu’elle n’est pas seule. Pour le client, il s’agit certes d’un grand espoir de pouvoir parler avec quelqu’un qui comprend sa détresse et qui a traversé cette épreuve d’une quelconque manière, même si, rappelons-le, l’expérience du cancer demeure unique et singulière à chaque individu. Quoi qu’il en soit, le fait de s’ouvrir à autrui génère bien souvent une grande complicité entre pairs, et un grand soulagement à la fois.
Comme mentionné, il y a d’abord le jumelage avec un bénévole. Le bénévole à Cancer J’écoute est bien souvent une personne ayant survécu au cancer, ou encore un aidant. Évidemment, on ne s’improvise pas bénévole. C’est en passant par un processus de sélection et en suivant une formation spécifique qu’un individu pourra être en mesure d’accompagner les gens dans le besoin.
Ensuite, nous retrouvons le jumelage avec un professionnel, quel qu’il soit : psychologue, psychothérapeute, sexologue, travailleur social, etc. Ici, le besoin est différent. L’expertise des professionnels est requise spécifiquement lorsqu’une personne a besoin d’une aide immédiate. Il pourrait s’agir par exemple d’un individu en crise venant de recevoir un pronostic très sombre. Dans ce genre de cas, le professionnel sera tenu de faire un suivi avec le client tant et aussi longtemps que ce dernier ne sera pas pris en charge dans le réseau de la santé. Naturellement, on doit aussi faire bien attention de ne pas dédoubler les services existants.
Nous retrouvons également des groupes de soutien un peu partout au Québec, soit à travers les 14 territoires existants. Dans la plupart des régions, lorsque faire se peut, nous avons développé des groupes de soutien s’animant une fois par mois avec l’aide d’un professionnel de la santé et d’un bénévole. Ici les thèmes sont définis d’avance. Le but est nul doute d’échanger en groupe sur l’expérience du cancer, ce groupe étant ouvert aux personnes atteintes et leurs proches.
Également, nous proposons des groupes d’expression par les arts. Les gens intéressés à y prendre part doivent s’inscrire à l’avance. Ici, il n’y a pas de thèmes qui soient imposés. L’objectif de l’art-thérapeute dirigeant la séance est plutôt de guider les gens afin qu’ils arrivent à exprimer ce qui est à l’intérieur d’eux-mêmes. Ce groupe est conçu pour les personnes atteintes ainsi que pour leurs proches.
Finalement, nous retrouvons les groupes de visualisation. Dans ce cas-ci, le groupe est composé seulement de gens atteints du cancer. L’objectif est ainsi de retourner à l’intérieur de soi pour arriver à mieux vivre avec la maladie.
Naturellement, les besoins chez une personne atteinte du cancer sont variés. Toutefois, le besoin fondamental est sans contredit un besoin d’espoir, un besoin d’y croire. Il y a aussi le besoin d’être entendu, le besoin de pouvoir parler franchement sans jugement, le besoin d’être rassuré, ainsi que le besoin de briser l’isolement. Pour ce qui est des besoins des aidants, il y a là une nuance. Il s’agit souvent d’un besoin d’être rassuré, mais se traduisant par un appel à l’aide. Le sentiment d’impuissance se vit presque toujours chez l’aidant. Lorsqu’il nous contacte, c’est parce qu’il a perdu confiance en ses capacités d’aidant, doute soudainement d’être à la hauteur et ressent un certain épuisement.
Lorsque des gens veulent offrir leur aide, c’est bien souvent dans l’optique de vouloir redonner au suivant. Il y a là un aspect réparateur, pour ne pas dire cicatriciel dans le fait de s’impliquer de la sorte. Pour eux, c’est aussi une façon de confirmer que le cancer et toutes leurs peurs y étant reliées sont bel et bien choses du passé. Cela leur permet également de réaliser qu’ils ne sont pas seuls à avoir traversé cette épreuve. Enfin, ces gens expriment généralement une grande gratitude à offrir leur soutien à la communauté.
À ce jour, nous travaillons à l’élaboration d’un projet novateur concernant la survivance. C’est en fait un concept très large qui rejoint tous les aspects de l’après-cancer. Vous savez, l’OMS a déclaré que le cancer est dorénavant une maladie chronique… ce qui est une bonne nouvelle en soi! Cela veut dire que de plus en plus de gens survivent à la maladie, mais indirectement, qu’ils survivent avec bon nombre de séquelles, que ce soit des difficultés reliées aux traitements, aux chirurgies, aux impacts financiers, etc. Nous désirons donc concevoir un service provincial, prenant appui sur les pratiques exemplaires à l’international, visant à éviter que les difficultés mentionnées deviennent des problèmes irrévocables.
Dès le moment du diagnostic, nous voudrions planifier et minimiser les impacts de la maladie à long terme sur ces aspects psychologiques, sociaux, professionnels et financiers. Ainsi, nous travaillons de concert avec le réseau de la santé et les principaux organismes communautaires ̶ dont la spécialité est le cancer ̶ afin d’outiller les patients, les aidants, les professionnels de la santé ainsi que les employeurs et collègues de travail. Heureusement, c’est un projet très bien reçu puisqu’il répond à un réel besoin, mais son implantation prend du temps et nécessite la mise sur pied de formations aux différents acteurs. Inévitablement, la recherche de financement demeure aujourd’hui une priorité afin de déployer ce service et de le mener à bien au sein de la communauté.
// Par Noémie Desbois Mackenzie
Bachelière en communication, et présentement à la maîtrise en communication de la santé
Sources :
Entrevue téléphonique réalisée avec Monsieur Claude Cyr, conseiller à Cancer J’écoute au service de soutien psychosocial, en date du 14 mai 2014.
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