On définit le patient partenaire comme étant « une personne qui devient progressivement apte, au fil de ses traitements, à faire des choix de santé libres et éclairés »[1].
Depuis quelques années, la notion de patient partenaire semble être au cœur des discussions et des réformes concernant la manière d’améliorer les soins de santé au Québec, et plus précisément, d’améliorer la relation entre les patients et les soignants. Concrètement, comment est-il possible de devenir partenaire de ses soins, comment un tel concept s’applique-t-il dans la réalité et surtout… quels en sont les bénéfices à court et long terme?
L’origine du patient partenaire
S’il existe depuis de nombreuses années un intérêt de la part de certains soignants pour que le patient puisse contribuer d’une quelconque manière à son processus de soins, l’on pourrait dire que Vincent Dumez, codirecteur de projet du Programme Partenaires de soins de l’Université de Montréal, est un pilier dans la promotion de ce concept de « patient partenaire ». Atteint de trois maladies chroniques depuis plusieurs décennies et ayant été personnellement impliqué dans l’affaire du sang contaminé, il a été préoccupé par le rôle partagé que devraient jouer les patients en ce qui concerne leur santé. En d’autres mots, il a voulu réhabiliter la perspective humaine des soins, plus explicitement en formant les médecins à ne plus traiter seulement une pathologie, mais à traiter l’humain dans sa globalité.
La fin du règne du médecin tout puissant?
La notion de patient partenaire émerge d’un contexte bien particulier. Aujourd’hui, le médecin à lui seul ne peut plus assumer l’entière responsabilité des soins et détenir l’ultime vérité, et ce, pour plusieurs raisons. L’accès du grand public aux connaissances médicales, l’augmentation considérable des maladies chroniques et de leur complexité, la croissance des enjeux liés à la sécurité des patients – pour ne nommer que ces facteurs sociétaux – ont soulevé des questionnements sérieux quant à la façon de consommer les services de santé. Lorsque l’on comprend que le patient assume à lui seul de 80 à 90 % du processus de soins, c’est-à-dire qu’il doit gérer lui-même en grande partie sa maladie, on en vient rapidement à la réflexion que le patient doit maintenant assumer également une partie des risques… Dans ce contexte, voilà toute la pertinence de lui laisser une voix afin qu’il exprime ses besoins et partage ses connaissances.
Le patient partenaire en action
C’est au cœur de l’Université de Montréal que la notion de patient partenaire a bel et bien été mise en pratique. La Direction collaboration et partenariat patient (DCPP) a donc comme principal objectif de transformer et d’orchestrer cette nouvelle philosophie de soins. Concrètement, ce sont des étudiants des sciences de la santé de l’Université de Montréal ainsi que le personnel des établissements de soins affiliés à l’Université qui sont conscientisés à l’implication du patient dans son processus de soins. Comme le mentionnait Vincent Dumez en entrevue, nous assistons à un changement de paradigme que nous tentons de partager avec les soignants, lequel se traduit ainsi : « Une bonne décision médicale n’est pas forcément une décision médicale qui est prise uniquement à partir d’un facteur de risques ou un facteur de succès, mais surtout qui est prise en fonction du contexte spécifique du patient. » Fait novateur : un comité facultaire de patients a été mis sur pied au sein de la Faculté de médecine de l’Université. Ici, ce sont des patients et des proches aidants qui sont invités à discuter, réfléchir et proposer de nouvelles avenues concernant le rôle du patient dans le système de santé. Certes, plusieurs projets et activités sont actuellement mis de l’avant et toujours dans un même objectif, soit de positionner le patient au cœur de la réflexion en santé.
De nombreux avantages
Bien que ce concept soit intelligemment conçu, il peut à la fois sembler complexe et dira-t-on énergivore. Toutefois, il faut savoir que plusieurs études démontrent déjà que les bénéfices découlant d’un savoir partagé entre le patient et le soignant ne sont pas négligeables. Entre autres, on note moins de visites à l’urgence, une meilleure gestion de sa maladie, moins de complications, une meilleure observance des traitements et également une construction des connaissances dans le milieu de la santé qui soit mutuelle entre les deux parties. La notion de patient partenaire est un concept encore émergeant qui s’avère certes prometteur dans un futur rapproché.
Par Noémie Desbois Mackenzie
[1] Définition de la Direction collaboration et partenariat patient de l’Université de Montréal :http://med.umontreal.ca/la-faculte/direction-collaboration-partenariat-patient/
Sources :
« Direction collaboration et partenariat patient », Université de Montréal | Faculté de médecine, [En ligne], 2014, http://med.umontreal.ca/la-faculte/direction-collaboration-partenariat-patient/ (Page consultée le 18 mars 2014).
POIRIER, Dominique. Entrevue avec Vincent Dumez, émission L’après-midi porte conseil : Nouvelle approche en médecine : le patient-partenaire à Radio-Canada, Montréal, le 12 janvier 2011, Entrevue (18 minutes).
RIOUX SOUCY, Louise-Maude. « Le patient comme bras droit du médecin | L’UDEM entreprend un virage majeur en santé », Le Devoir, [En ligne], 2011, http://www.ledevoir.com/societe/sante/314040/le-patient-comme-bras-droit-du-medecin (Page consultée le 18 mars 2014).
TEDx Talks. « The patient : a missing partner in the health system: Vincent Dumez at TEDxUdeM », YouTube, Montréal, 11 mars 2012, (18 minutes).