La prévention et promotion en santé : au cœur de la communication

- Services généraux

Dans le but d’améliorer la santé globale de notre population, les divers acteurs en santé ainsi que les dirigeants étatiques ont misé sur l’importance d’agir en prévention et en promotion de la santé, des concepts mis de l’avant entre autres par la Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé, établie à l’issue de la première Conférence internationale sur la promotion de la santé en 1986.

Qu’entend-on réellement par prévention et promotion en santé? Ces deux termes, souvent confondus, sont pourtant bien distincts.

On parle de prévention en santé, lorsque des outils sont conçus spécifiquement pour des personnes à risque de développer une maladie quelconque, c’est-à-dire considérant certains facteurs de risque. En ce qui concerne la promotion en santé, il s’agit plutôt de favoriser l’adoption de saines habitudes de vie au sein de la population en général.

Concrètement, comment véritablement conscientiser le public à l’importance d’être en santé? Comment la prévention et la promotion s’opèrent-elles réellement sur le terrain? Claire Dufresne, infirmière-conseil en prévention clinique au centre de santé et de services sociaux Pierre-Boucher nous en dit davantage.

Claire, pourquoi est-ce selon vous primordial de faire de la prévention et de la promotion en santé?

Eh bien, on sait aujourd’hui que les gens vivent de plus en plus vieux. Ainsi, la prévention en santé s’est avérée nécessaire, mais aussi efficace pour prévenir l’apparition de maladies chroniques, la manifestation de certains cancers, et également pour diminuer de façon significative les coûts de santé au pays. Sur le terrain, nous agissons en prévention et promotion de la santé par le biais de la communication, c’est-à-dire en implantant des outils, des programmes et des activités qui visent à sensibiliser d’abord les professionnels de la santé et à soutenir leurs actions en prévention, lesquels conscientiseront à leur tour les patients, et donc la population ciblée.

Quelles sont les pratiques cliniques préventives ciblées en Montérégie?

Certaines interventions en prévention de la santé ont été ciblées par l’Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie comme étant des actions prioritaires. Ces actions préventives, pouvant être menées par les professionnels de la santé, sont entre autres lecounselling concernant l’abandon du tabagisme, le counselling en faveur d’une saine alimentation, la promotion de l’activité physique, la recommandation de participer au programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS), le dépistage des infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS), et plus encore.

Concrètement, quelles activités peuvent être élaborées dans le cadre de prévention et de la promotion en santé?

Dans mon travail, les pratiques cliniques préventives guident nos actions sur le terrain. Dernièrement, en ce qui concerne le dossier sur la cessation tabagique, nous avons formé tout le service de natalité au CSSS Pierre-Boucher. De ce fait, nous proposions que tous les intervenants qui accompagnent la femme enceinte — c’est-à-dire à partir des premières visites en périnatalité, jusqu’à la naissance du bébé et au retour à la maison — soient formés sur l’importance sur le counselling antitabac. Ainsi, des infirmières, des auxiliaires, des nutritionnistes, des psychologues et même des travailleurs sociaux ont reçu cette formation en vue d’encourager un changement de comportement et de sensibiliser la femme enceinte aux risques encourus quant au tabac.

Également, dans l’optique de sensibiliser les jeunes à la prévalence d’ITSS élevée au sein de la population et au besoin de se protéger, nous avons travaillé de concert avec le département de soins infirmiers du cégep Édouard-Montpetit, lequel a récemment ouvert une clinique-école pour que les étudiants puissent y effectuer des stages. Nous avons donc trouvé une femme médecin qui a accepté de travailler une journée et demie par semaine au cégep, pour faire de la prévention et du dépistage auprès des jeunes. Nous sommes maintenant à élaborer un autre projet : nous désirons consacrer une journée ou deux à un dépistage de masse des ITSS offerts aux cégépiens. Ainsi, tous les étudiants sont les bienvenus pour poser leurs questions et se faire dépister s’ils présentaient des facteurs de risque. Il s’agit pour nous d’un projet expérimental. Toutefois, peu importe l’achalandage observé, nous aurons assurément sensibilisé les jeunes à cette problématique. 

Vous avez récemment mis sur pied le projet : Je bouge avec mon doc! Pouvez-vous nous en dire davantage?

Je bouge avec mon doc! est un évènement qui a vu le jour dans la région de Shawinigan l’année dernière et qui a enregistré un beau succès. Sur notre territoire, nous organisons ce même type d’évènement en collaboration avec la municipalité de Sainte-Julie, lequel aura lieu le 8 juin prochain. Concrètement, il s’agit d’un évènement où principalement les médecins, mais aussi d’autres professionnels de la santé invitent leurs patients à venir marcher avec eux dans le cadre d’une journée. Considérant le fait que l’activité physique est encouragée dans la prévention de nombreuses maladies, l’idée est donc de rejoindre des patients qui normalement sont plus sédentaires et donc plus à risque de développer des maladies. Symboliquement, les médecins et infirmières impliqués dans le projet remettront une prescription à leurs patients, en les invitant à parcourir le nombre de kilomètres compatible avec leur niveau de forme physique (1, 3 ou 5).  Il s’agit également d’une occasion d’outiller les patients et de leur faire connaître les divers organismes de loisir des environs. C’est un magnifique projet en prévention de la santé qui, espérons-le, prendra de l’ampleur au courant des prochaines années, et qui servira d’exemple aux municipalités du Québec.

Claire, les activités en prévention et promotion de la santé ont-elles un véritable impact sur le comportement des individus?

Nous y croyons fortement! Vous savez, lorsque l’on parle de pratiques cliniques préventives, il faut savoir que ce sont toutes des actions qui ont démontré une efficacité par le passé et donc un changement significatif du comportement des gens. Ces dernières sont basées sur des données probantes. Ainsi, les activités organisées en ce qui a trait au counselling en cessation tabagique, ou encore en ce qui concerne le dépistage du cancer du sein, seront nécessairement des actions qui porteront fruit. Toutefois, face à la prévention, l’enjeu tourne autour du fait que nous sommes toujours dans l’instantanéité. Ainsi, on voudrait voir des résultats rapides et immédiats, mais, en prévention, il faut plutôt avoir une vision à long terme des actions menées.

… Et quels sont les défis actuellement concernant la prévention et promotion de la santé?

Le véritable défi est de mobiliser les professionnels de la santé afin qu’ils comprennent l’importance d’axer la communication avec leurs patients sur la prévention en santé. De plus, la promotion de saines habitudes de vie doit viser l’ensemble des patients rencontrés et non quelques individus. Bref, nous devons continuer de faire connaître les lignes directrices en santé et de soutenir les actions communicationnelles des professionnels dans le but ultime d’améliorer la santé de notre population.

Par Noémie Desbois Mackenzie
Bachelière en communication, et présentement à la maîtrise en communication de la santé

—-

Sources :
Entrevue téléphonique réalisée avec madame Claire Dufresne en date du 23 janvier 2014.
Agence de la santé publique du Canada, [En ligne], 2012, http://www.phac-aspc.gc.ca/ph-sp/docs/charter-chartre/index-fra.php (Page consultée le 24 février 2014).