Une pilule, une petite granule… et hop le tour est joué! Vraiment? Ne suffit-il plus simplement que de prescrire pour guérir?
Si les professionnels de la santé se devaient autrefois de dispenser des soins et de prescrire des médicaments, il faut dire qu’aujourd’hui leur rôle s’est complètement transformé. Confrontés à cette nouvelle réalité où un nombre impressionnant de gens sont désormais atteints d’une maladie chronique et où on note un vieillissement accru de la population, les professionnels n’ont eu d’autres choix que de revoir la conception globale des soins et ainsi redoubler d’efforts pour inclure le patient dans son processus de soin.
L’importance de la communication entre les professionnels de la santé et leurs patients s’est donc avérée cruciale pour l’amélioration des soins de santé. L’éducation aux patients fait partie de ce processus communicationnel.
Éduquer signifie donc de donner les outils nécessaires aux patients afin qu’ils puissent prendre en charge leur maladie et se responsabiliser face à leur état de santé. Plus précisément, selon une définition de l’OMS : « l’éducation thérapeutique du patient vise à aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique[1]. » Évidemment, pour qu’une telle éducation s’avère possible, le professionnel ainsi que le patient doivent participer conjointement à la construction d’une solution thérapeutique. En d’autres mots, une communication idéale, c’est-à-dire empreinte d’écoute, de confiance, de participation ainsi que de respect doit être instaurée.
Certes, l’éducation aux patients concerne tous les professionnels de la santé impliqués dans le processus de soins des patients, tels les infirmiers, les psychologiques, les diététiciens, les médecins, et bien sûr les pharmaciens.
Naturellement, certains d’entre eux jouent un rôle primordial dans l’éducation thérapeutique des patients; nous pensons entre autres aux pharmaciens. Pourquoi donc? D’abord, il faut savoir que pour des raisons pratiques, ils sont parmi les plus consultés, ils voient les patients plus régulièrement que les autres soignants – notamment lors de la délivrance des médicaments – et enfin, le public leur voue une confiance inégalée. À ce sujet, les résultats d’un sondage Ipsos Reid[2] mené en 2011 auprès des Canadiens révélaient que le pharmacien est le professionnel de la santé en qui les Canadiens ont le plus confiance. Erika Aird, pharmacienne, confirme cette hypothèse : « Nous avons la chance de voir une clientèle régulière et ainsi il devient plus facile d’instaurer des liens de confiance. Il faut dire qu’en tant que pharmacien, nous avons l’opportunité de discuter avec les patients et de remarquer si quelque chose ne tourne pas rond. » Selon elle, l’éducation aux patients fait non seulement partie de ses tâches, mais occupe environ la moitié de son temps quotidiennement.
Concrètement, en quoi consiste l’éducation aux patients en pharmacie? Grosso modo, l’on pourrait dire qu’elle concerne principalement deux volets, soit les maladies chroniques et les habitudes de vie. Pour Erika Aird, le rôle du pharmacien ne se résume absolument pas à l’administration de médicaments : « Lorsque l’on reçoit une nouvelle prescription, nous expliquons naturellement au patient comment il doit prendre son médicament… mais cela ne suffit pas. Il faut toujours s’intéresser au contexte du patient, explorer son environnement et lui poser des questions pertinentes à sa condition. Par exemple, si quelqu’un nous présente une prescription pour l’hypertension, nous lui expliquons ce qu’il peut faire outre la prise de médicaments pour améliorer son sort. Nous le renseignons par exemple sur la perte de poids, l’importance d’une saine alimentation, de l’exercice physique ainsi que d’une diminution de la consommation d’alcool. »
D’autre part, en ce qui concerne l’éducation sur les habitudes de vie, Erika Aird nous informe que ce volet nécessite une relation de confiance pour permettre la communication : « Lorsqu’il s’agit par exemple de la cessation tabagique, il faut y aller progressivement et analyser si les gens sont réceptifs à modifier leurs comportements. Si l’on perçoit une ouverture, nous détenons alors des outils pour les aider à arrêter de fumer. »
Évidemment, elle mentionne qu’un intérêt communicationnel provenant des deux parties est toutefois crucial pour que les gens se décident à mettre en pratique les conseils du professionnel. Ainsi, l’éducation aux patients n’est pas une bataille gagnée d’avance.
Dans le contexte actuel où les maladies chroniques se complexifient et touchent une grande partie de la population, Erika Aird croit fermement qu’il est de la responsabilité des professionnels de la santé de faire de l’éducation aux patients, mais aussi de s’intéresser à la prévention et à la promotion en santé : « Cela fait partie de notre devoir, nous sommes les mieux placés pour instaurer des changements comportementaux qui viseront à améliorer la santé des populations. Nous devons donc encourager l’empowerment afin que les patients puissent prendre leur santé en main, et ce, dès maintenant. »
À suivre…
Par Noémie Desbois Mackenzie
Bachelière en communication, et présentement à la maîtrise en communication de la santé
Sources :
Entrevue téléphonique réalisée avec madame Erika Aird, pharmacienne, en date du 29 octobre 2013.
« Le pharmacien : un professionnel de confiance selon les Canadiens », Ordre des pharmaciens du Québec, [En ligne], 2011,http://www.opq.org/fr-CA/toutes-les-nouvelles/2012-02-02-le-pharmacien-un-professionnel-de-confiance-selon-les-canadiens/(Page consultée le 13 janvier 2014).
DECCACHE, Alain. « Éducation pour la santé : reconnaître les « nouveaux rôles » des médecins et pharmaciens, Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, [En ligne], no 376, mars-avril 2005, p. 9-13,http://www.inpes.sante.fr/slh/articles/376/02.htm (Page consultée le 12 janvier 2014).
WHO Working Group « Therapeutic Patient Education – Continuing Education Programmes for Health Care Providers in the field of Chronic Disease » Organisation mondiale de la santé, Bureau régional de l’Europe, [En ligne], 1998,http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0007/145294/E63674.pdf (Page consultée le 15 janvier 2014).
[1] Rapport de l’OMS-Europe, 1996. Therapeutic Patient Education – Continuing Education Programmes for Health Care Providers in the field of Chronic Disease.
[2] Résultats sondage Ipsos Reid. OPQ. 2011. Le pharmacien : un professionnel de confiance selon les Canadiens
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