Bouger dans la nature pour que ça dure

- Sport et Santé

Bouger régulièrement est un défi de taille. Le plaisir est indissociable de tout comportement répété. Un moyen efficace de l’amplifier : s’exercer en plein air.

Dégénération active

Même si le mouvement est essentiel au bon fonctionnement du corps humain, nous avons vicieusement éliminé les opportunités naturelles de l’utiliser à des fins de survie, de loisir et de transport. Par tous les moyens, brandissant la santé comme finalité certaine, les sédentaires sont priés de s’extirper de leur sommeil. La plupart n’ont d’autres choix, pour y arriver, que d’embourber leurs horaires déjà chargés d’activités planifiées, l’exercice devenant un événement plutôt qu’un style de vie. Mais qu’en serait-il d’inciter les gens à adopter des comportements dans lesquels ils se sentent vraiment bien, sans pointer d’abord les conséquences positives pour la santé?

Des émotions à l’action

Comme vous l’aurez remarqué, l’être humain n’est pas qu’une machine programmée à atteindre des résultats. Il est doté d’une sensibilité à l’égard de ce qu’il vit et observe. Cette expérience subjective, qui nous est propre, met en scène à tout instant des sentiments et émotions qui se regroupent sous le toit de l’expérience affective. Dans le domaine scientifique, de plus en plus d’évidences démontrent que les stratégies de promotion de l’exercice auraient tout intérêt à cibler les réponses affectives comme moteur du changement de comportement. Des chercheurs l’ont d’ailleurs établit en 2008, les plus actifs sont ceux qui présentent les réponses affectives les plus favorables à l’effort. C’est donc dire que l’exercice suscite aussi son lot d’émotions, et qu’il est tout à votre avantage que celles-ci laissent une empreinte positive sur la toile de votre mémoire si vous souhaitez bouger régulièrement. Rien de plus logique, l’être humain recherche les plaisirs dans tout. Mais cet amalgame d’émotions positives, comment l’embraser?

Exercice vert

Outre le choix du type et de l’intensité, l’environnement d’exercice mérite sa part du gâteau. À exercice égal, l’environnement extérieur naturel l’emporte nettement sur l’amélioration des réponses affectives comparativement à son congénère intérieur. L’exercice en plein air suscite vitalité, plaisir, engagement positif et tranquilité. Ceux qui s’y soumettent rapportent même une plus grande intention de s’exercer à nouveau que les participants en gymnase intérieur. Mais l’enjeu de départ demeure : un entraînement extérieur mène-t-il à une pratique active plus régulière qu’un entraînement intérieur?

Maintenir les sentiers battus

Une réponse semble se dessiner à l’issue d’observations de groupes d’actifs s’exerçant dans les deux environnements. Bonne nouvelle pour ceux qui préfèrent jouer au grand air : l’entraînement en plein semblerait stimuler le taux de participation à un programme d’activité physique comparativement au même type de programme intérieur. C’est faire d’une pierre deux coups, puisqu’en plus d’adhérer aux sessions proposées en milieu naturel, ceux qui s’entraînent surtout à l’extérieur auraient tendance à augmenter leur niveau d’activité physique en dehors des séances d’activités prescrites. Comme quoi fréquenter les espaces verts inspire le mouvement.

Vous ne serez pas non plus étonnés d’apprendre qu’au terme d’activités physiques prolongées en milieu naturel, les individus voient souvent leurs symptômes dépressifs et anxieux subir une forte baisse tout comme leurs sentiments de bien-être et d’engagement positif s’accentuer tout au long de l’immersion. Il semble qu’à l’inverse des programmes intérieurs, les participants s’exerçant en plein air conservent un enthousiasme supérieur au regard de leur expérience en activité physique, haussant ainsi leur niveau actif. Remarquez d’ailleurs que les programmes d’exercice menés par des kinésiologues, les professionnels de choix en activité physique, défilent de plus en plus sous un ciel extérieur pour répondre à une demande grandissante du grand air. Elle est fondée, cette demande, sur une nette préférence accordée aux éléments naturels que renferment les espaces verts comparativement aux composantes artificielles et construites par l’homme qui habillent malheureusement les milieux intérieurs et la plupart de nos environnements urbains.

Si vous en ressentez l’appel, sachez donc qu’en mémoire d’un échange parfait, la nature saura toujours vous planter les pieds dans l’action. Vous décoifferez alors les plus fières traditions du faire pour emboîter sauvagement le pas dans l’être, avec en prime la santé.

Par Marianne Lacharité-Lemieux
Kinésiologue