Encadrer un patient atteint de diabète est une situation de plus en plus commune pour le kinésiologue. Dans un contexte où celui-ci travaille avec des personnes atteintes de différents facteurs de risques de maladie cardiovasculaire, le diabète s’ajoute souvent à la liste.
Il existe, pour le kinésiologue, deux situations d’entraînement du patient diabétique : le patient qui est diabétique depuis plusieurs années et qui connaît ses réactions à l’entraînement, et le patient pour qui le diabète ou bien l’activité physique (en tant que diabétique) est une réalité nouvelle. Cette deuxième catégorie comprend principalement des diabétiques de type II, mais également quelques type I.
Évidemment le facteur le plus important à considérer est la gestion de la glycémie.
Dans le cas de patients contrôlant un peu moins bien leur glycémie, ou de nouveaux diabétiques, on suggérera souvent de prendre la glycémie avant et après l’exercice pour observer les réactions du corps et ainsi ajuster les doses d’insuline, autant lente que rapide. En effet, chez les patients souffrant de diabète de type II, les doses d’insuline, principalement l’insuline rapide précédant la séance d’exercice, peuvent diminuer de manière importante[1].
Dans le cas d’un patient habitué à l’activité physique, il serait tout de même important de faire, bien qu’un peu moins serré, un suivi de la glycémie. En effet, un changement dans la prescription d’activité physique (par exemple : abandon de l’exercice cardiovasculaire au profit de la musculation) peut toujours influencer la dose d’insuline nécessaire.
Les bienfaits de l’activité physique chez le patient souffrant de diabète sont principalement les mêmes que chez la population générale :
- Meilleure gestion du poids
- Amélioration de la capacité cardiovasculaire
- Maintien de la masse maigre
- Diminution de la tension artérielle et du taux de cholestérol
On ajoute cependant à ces bénéfices certains plus spécifiques au patient diabétique comme l’amélioration de la sensibilité à l’insuline. Plusieurs études[1][2] démontrent une amélioration notable de la qualité de vie du patient diabétique. Trois éléments composent cette mesure de la qualité de vie, soit la santé physique, la santé mentale ainsi que le bien-être, ce dernier étant évalué dans un questionnaire rempli par le participant.
Reconnaître les signes et symptômes de l’hypoglycémie
Le danger principal qui guette le patient diabétique lors de l’entraînement est l’hypoglycémie. Pour le professionnel qui encadre l’entraînement de ce patient, il est important de savoir en reconnaître les signes afin de réagir rapidement et d’éviter une hypoglycémie plus grave.[3]
Les paramètres d’entraînement utilisés pour le patient diabétique varient. Dans le cas d’un patient déjà actif, il peut s’agir d’un entraînement considéré comme normal. Il n’y a pas d’activités qui sont absolument proscrites. Il est évidemment conseillé d’allier travail musculaire et exercice cardiovasculaire. Dans le cas présent, le patient peut souvent faire lui-même le suivi de sa glycémie et utiliser l’aide d’un professionnel en cas de besoin. Dans le cas d’un patient peu familier avec l’activité physique, et donc souvent déconditionné, on se tournera plutôt vers l’entraînement par intervalle – plus facile à tolérer – pour la portion cardiovasculaire. Le kinésiologue devra suivre la glycémie du patient de manière plus serrée, mais, surtout, être alerte durant l’entraînement afin de déceler les potentiels signes d’hypoglycémie. Il est évidemment conseillé de s’apporter une collation à l’entraînement. On conseillera souvent au patient d’aller prendre un repas après l’entraînement.
Cependant, lorsque le patient gère bien sa glycémie à l’entraînement, il peut également utiliser la stratégie contraire, soit régler son horaire d’entraînement en fonction de son alimentation plutôt que le contraire. En effet, s’entraîner peu de temps avant un repas permet de garder une régularité au niveau de la gestion alimentaire de son taux de sucre sans avoir à changer ses habitudes quant aux heures de repas.
Malgré les années passées en tant que diabétique et l’excellente connaissance de sa condition, il demeure toujours préférable d’avoir une approbation du médecin avant de commencer un programme d’entraînement. On s’assure ainsi de commencer sur la bonne voie!
Un grand merci à M. François Rousseau, diabétique de type 1, avec qui j’ai beaucoup parlé, ce qui m’a aidée à comprendre sa réalité.
Amélie Lévis Gignac
Kinésiologue
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Kinésiologues VS clients diabétiques : comment s’adapter
[1] A. Nicolucci & S. Balducci & P. Cardelli & S. Cavallo & S. Fallucca & A. Bazuro & P. Simonelli & C. Iacobini & S. Zanuso & G. Pugliese & for the Italian Diabetes Exercise Study (IDES) Investigators Relationship of exercise volume to improvements of quality of life with supervised exercise training in patients with type 2 diabetes in a randomised controlled trial: the Italian Diabetes and Exercise Study (IDES)
[2] R. D. Reid & H. E. Tulloch & R. J. Sigal & G. P. Kenny & M. Fortier & L. McDonnell & G. A. Wells & N. G. Boulé & P. Phillips & D. Coyle Effects of aerobic exercise, resistance exercise or both,on patient-reported health status and well-being in type 2 diabetes mellitus: a randomised trial
[3] Ce tableau provient d’un document émis pour le programme FrancoForme par l’Institut de Cardiologie de l’Université d’Ottawa.